Les mots rouges………………. Passionnément libérée

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Elle avait écrit pour vider son cœur et son âme, par besoin, par envie, mettant des mots sur ses plaies ouvertes, ouvrant et refermant des portes qui, elle le savait, abritaient de troublants secrets. Elle était ainsi, elle l’avait toujours été, entière exigeante envers les autres comme envers elle-même, elle allait toujours au bout des choses, n’acceptant aucune zone d’ombre, aucune fausse note….. 

Au fond, de tous ces mots, elle connaissait l’essence, quelle importance s’ils devaient s’affronter, s’il se terrait et se taisait, se mettant à couvert pour éviter la foudre; elle explosait, brisant toutes les portes qu’il lui imposait, elle se déchaînait et se libérait.

Elle creusait jusqu’à trouver et toucher ce que les autres auraient même refusé de voir. Elle allait toujours au bout de ses rêves, au bout de la nuit, les yeux grands ouverts.

Elle ne laissait aucune trace, mais à chacun des pas qu’elle faisait dans ce palais de glace, ses mots flottaient dans l’air, pénétraient leurs âmes et torturaient leurs cœurs. 

Le jour viendrait où elle aurait ouvert chaque porte de ce palais et où elle les aurait refermées les unes après les autres, elle le savait.

Son cœur s’allégeait et se réchauffait, hier était plus doux, demain serait plus beau…Elle se libérait, à chaque pas, elle changeait, elle se retrouvait, à nouveau elle s’écoutait, à nouveau elle pouvait aimer…. 

Quand elle écrivait, les mots se bousculaient, se déversaient, comme un torrent de lave, bouillonnants et flamboyants, ils emportaient tout.

Elle avançait, seule, et pourtant, elle sentait près d’elle une présence, rassurante et aimante, elle le savait, elle renaissait et le temps semblait redevenir clément 

Elle pensait à Zola, Maupassant ou Flaubert. Elle pensait à tous ces hommes qui croquaient les mots, pleins de folles passions, et de sages colères, ou était-ce le contraire ?

Elle eut adoré écrire « J’accuse », qui n’eut aimé l’écrire?

Mais, si elle y pensait, c’était pour leurs fragilités, leurs sensibilités, le pouvoir de leurs mots, leurs couleurs, des mots qui vous frappaient, et qui vous saisissaient.

Transmettre des émotions, quoi de plus facile et indispensable à ses yeux et de plus compliqué aux leurs.

L’heure pour elle était arrivée, elle écrivait et ne pourrait plus jamais arrêter.

Sa plume changeait, elle était encore plus passionnée, plus incisive, plus rageuse, plus rouge, tellement si rouge, rouge passion, rouge émotion, ses émotions qu’elle voulait partager, et faire voyager, toucher l’autre par ses mots….C’est ce qu’elle adorait, non, c’est juste qui elle était.

Ainsi, elle était près, ainsi elle s’éloignait….

Le temps avait passé, doucement, la malmenant, ne lui laissant aucun répit.

Il y avait eu les jours de colère,  où ses mots roulaient emportant tout sur leur passage, souvent moqueurs, ils exprimaient sa rage et sa peine, sa tristesse et sa douleur

 Ils étaient rouges, rouges, si rouges….

Elle s’était laissée dépasser, emporter…..

Puis, elle avait atteint cette plage de sable fin, une plage déserte, sa colère s’était transformée, elle regardait les vaguelettes caresser la grève, tout cela n’avait plus d’importance, elle s’apaisait, elle s’était apaisée. Aujourd’hui, son cœur était différent, il s’emballait à nouveau mais il était libre, libre d’aimer, elle souriait….

Elle avait pris cette habitude de continuer à lui écrire, par période, libérant ses pensées

Elle lui écrivait, il l’ignorait

Peu lui importait, elle avançait

Le passé lui appartenait

Le futur s’écrivait

Elle commençait à le façonner

Un peu comme si elle le sculptait.

Elle s’amusait,

 Il se taisait,

Il feignait l’indifférence,

Elle en riait,

De ce rire cristallin,

Qu’il ne pouvait qu’imaginer,

Et n’entendrait sûrement jamais.

Loin du désintérêt,

Toujours, il la suivait,

Lui empruntant ses mots,

Les soulignant pour qu’elle les voie,

Elle en riait encore, est ce qu’il l’entendrait ?

Il devait s’ennuyer,

Elle le connaissait,

Elle le devinait,

Elle le sentait,

Elle s’était retenue de poser un commentaire qu’il aurait apprécié,

Comme jadis, quand elle l’avait provoqué,

Répondant à sa propre provocation.

C’était si loin, et pourtant si près.

Que d’échanges passés,

Que de fers croisés,

Que de rires qui fusaient. 

Elle le voyait, sans lumière et sans fard

Ça n’avait jamais été un hasard

Aujourd’hui, ils se répondaient,

Lui, d’un mot non prononcé,

D’une fenêtre ouverte ;

Elle, en lui souriant,

Lui tendait la main,

Lui offrait la paix.

Allait-il encore refuser?

Qu’importe, elle n’était plus fâchée.

Il avait fini par l’entendre,

Par comprendre,

Et avait délaissé son Palais,

Fermé sa porte aux fantôme du passé,

Et ses fenêtres, à ces êtres fardés,

Ils s’étaient disputés,

Et cette fois, la colère avait tout éclaté.

Elle était loin de tous ces tracas,

Le temps avait passé,

Elle avançait,

Sans rien regretter….

Elle demeurait, plus forte qu’hier

A nouveau  Elle

A nouveau passionnée

Elle s’envolait, elle exultait….

 

 

Bella 02 06 2014 modifié le 21092014