La scène se passe dans un superbe appartement
Elle a quelque chose d’irréel, entre présent et passé, fiction et réalité.
Les murs sont blancs, d’un blanc d’une telle pureté et d’une telle luminosité qu’il nous éblouie. Il y a comme une brise de paradis qui flotte dans l’air.
La pièce est immense. Aucun meuble, juste, posée sur le sol, une immense boîte plate blanche avec un grand ruban rose poudré. Elle ressemble à ces boîtes des maisons de couture dans lesquelles on livre les robes les plus belles, robes de bal ou de mariées pour Princesses des temps modernes.
A bien y regarder, quand l’on défait lentement le beau ruban de soie, que l’on soulève le couvercle; apparaissent de beaux papiers de soie rose pâle qui semblent porter l’empreinte à peine esquissée d’un corps et quelques fils de soie, d’une finesse absolue.
Malgré moi, quelque chose attire mon regard, je devine comme une pluie de pétales de roses rouges, d’un rouge scintillant mais presque évanescent. Très intriguée, je me penche et je vois s’envoler des lettres dorées qui semblent délivrer un message secret et pour le moins discret « Adieu, la poupée de Papier »
Je reste interdite, une poupée grandeur nature aurait séjourné dans cette boîte ? Une poupée de papier ? Mais, ça n’existe pas ! Drôle d’histoire….. Où suis-je tombée ?
Cette nuit-là, je n’ai pas réussi à fermer l’œil, j’ai eu une impression étrange, entre rêve et réalité, tantôt énervée, tantôt apaisée, j’errais telle une ombre dans mon songe éveillé. Autant vous raconter, ce qui, cette nuit-là me ravit mon sommeil.
C’est « Elle », elle était là devant moi !
Assise sur son papier de soie, elle semble fatiguée; ses yeux sont tristes, elle parait décidée. A ses poignets, pendent encore quelques fils dorés qu’elle finit par trancher. Elle sourit, son cœur et son corps semblent tellement légers…..Oh, dommage, elle vient de s’envoler. Elle fait un signe de la main, elle part.
C’est un long parchemin qui flotte derrière elle, des lettres fines et belles, rondes et bien formées vont enfin m’éclairer.
« Cher…..
Je ne sais même plus quel nom te donner.
Je me surprends parfois à encore te nommer.
Tout semble alors si creux et proche du néant.
Tu me vois fatiguée, moi la « poupée chiffon »,
De toutes tes illusions,
Sans aucun lendemain.
Une boîte à musique semble jouer au loin.
J’entends un air de Brel….
Non, c’est toi que j’entends, me murmurer tous bas
« Non Baby, t’es pas toute seule…. »
Et tes mots tombent à plat.
A force de citer, tous tes chanteurs désuets,
Aux paroles trop belles et tellement bien trouvées,
Qu’elles survivent au passé,
Tu uses leurs mots, copies et pilles leurs émotions
Et ne sais plus jamais comment donner vie à tes passions.
J’écoute la musique et j’oublie les paroles,
Depuis fort longtemps, elles habitent mon être,
Mais moi, pour m’exprimer,
Je préfère les mots, que mon cœur sait livrer,
A ceux d’un parolier,
Fut-ce un ange sacré.
Je poursuis mon chemin. Il fait presque nuit. C’est une route qui serpente ou plutôt un chemin, que le temps assassin semble vouloir effacer. Je sens les cailloux rouler sous mes pieds.Soudain, tout me revient, je suis sur ce chemin comme en apesanteur, habitée et hantée par tous ces mots que tu m’as fait écouter; j’écris, à la manière de Marguerite sans jamais l’égaler. Je suis possédée.
J’ai même la voix d’Emmanuelle
Encore une fois, je me retrouve à Hiroshima.
Ville où je ne suis jamais allée.
Ce que j’écris, je l’écris pour toi
Je te parle, tout est si différent
Si mon corps m’appartient, Marguerite m’habite, tu me l’as faite aimer. Ainsi, pendant tout un été, de Poupée de Papier je suis devenue l’héroïne de ce film qui t’a tant marqué.
En y pensant, je revois, ces billets que tu m’écrivais, des mots empruntés à cette histoire qui nous enfermait dans un monde disparu à jamais « Tu me tues, tu me fais du bien»
Combien j’ai pu aimer cette sensation étrange qui m’a longtemps hantée.
Tant, que j’ai eu du mal à m’en séparer.
Cette même année, quelques mois plus tard, j’eus la surprise, moi qui je l’avoue n’en connaissais que le nom de la voir à Cannes pour présenter « Hiroshima mon amour »…. La réalité poursuivait nos rêves.
Les années ont passé, et notre « amour papier » s’est un peu encombré, de ces mots murmurés, de ceux qui m’ont touchée autant que bouleversée, de ceux si mal choisis que le ciel t’a maudit, de tous ces rêves brisés, de tes sourires forcés ou bien trop appuyés, de toutes ces litanies dont tu m’abreuvais; incapable de t’excuser, bien plus apte à m’accuser….
De Paris à Tokyo, de New York à Florence, de Rome à Venise, de chez toi à chez moi, de rires en larmes, de pleurs en sourires, et combien de soupirs…..Sans compter tes désirs, tes envies et ton sens du plaisir….Le temps s’emballait, les cœurs se livraient puis se fuyaient et nos corps s’attiraient quand je te repoussais…. Combien tu as aimé « ta Poupée de Papier » à qui tu refusais même le droit d’exister.
Et le cycle infernal reprenait,
Une nouvelle dispute,
Suivie d’une rechute,
Chaque jour un enfer,
A ne plus rien y faire.
Combien de temps encore,
De Poupée de Chiffons,
A Poupée de Papier,
Allais-je résister ?
Allais-je me plier,
A tes désirs de feu,
Avant de me brûler,
Ou de me disperser ?
Chaque fois que l’absence,
Emportait le silence.
Chaque fois que ta présence,
N’était qu’une longue absence,
Je m’éloignais…
Dans cette boîte de carton, tu me rangeais.
Au gré de tes regrets, tu revenais,
Comme si de rien n’était,
Tu t’installais et tout recommençait.
Notre « Amour Papier »….
Tu me volais mon corps,
Pour abriter tes nuits.
Tu empruntais mes lèvres,
Pour mieux les dévorer,
Et tu les emportais,
Pour mieux les conserver.
Friand, de tous ces mots papiers,
Qui, de ton cœur froissé et si bien caché,
Avaient su trouver, l’escalier dérobé.
Certains jours, tu m’adorais,
Et le ciel s’embrasait.
Si je me dérobais,
Te forçant à m’attendre,
Tu enrageais,
Prétendant le contraire,
Jouant les blasés.
Mais quand tes mots, se faisaient trop précis,
Exprimant enfin, ce que ton cœur disait,
Tu fuyais,
M’enfermant sans soin dans mon papier carton.
Les mois couraient ainsi.
Après les jours de pluie,
Les mois couraient toujours,
Avec ou sans amour.
Ce que je détestais,
Moi, la « Poupée papier »,
C’était ton arrogance,
Et ton manque d’innocence,
De « Poupée Chiffons » à « Poupée Papier »,
Je tirais une leçon.
Si je suis cœur de larmes,
Alors, je rends les armes.
Pour toi j’éteins, le flot de mes sanglots,
Et les enfouis sous l’océan des mots.
Mon cœur est rouge sang,
Ce sang des innocents,
C’est ainsi que je l’aime,
Ainsi que je le sens.
Je préfère être vraie,
Que Poupée de Papier.
Je préfère la vérité,
A ce qui est caché.
Je te laisse les faux semblants,
La bienséance, et le manque d’émotion.
En panne de sentiments,
Je t’abandonne à tes tourments.
Je ne m’abrite pas, derrière M Flaubert,
Même si parfois, avec toi, je fus la «Bovary »
Je cite parfois Hugo,
Et j’ai l’âme de Gavroche,
J’aurai aimé écrire « J’accuse ».
J’aime les cris du cœur,
Pas la diplomatie,
Les faux airs de gentils,
Couchés sur billets verts,
L’esprit par trop épris,
Par le désir de plaire,
Séducteur éphémère,
Sur un fil de fer.
Je ne suis pas ta Poupée,
Je fais feu de tout bois,
Et je viens de couper,
Mes derniers fils de soie……
Bella ♥
Merci à toi, qui est souvent « ma Muse », ma source vive, toi qui m’a inspiré de très nombreux textes.
Merci pour ta folie, ton imagination, ta sensibilité, ta sincérité et tes éclats de rire,
Merci pour tes sourires, mes sourires et pour tous nos fous rire….. Tu me pousses au delà de mes limites « d’écrivain » et je t’en remercie
J’ai dit « inspiré », Notez le 🙂 ♥
Texte du 27082014 modifié le 24102014